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Barbie se cultive
26 juillet 2008

Le miroir des idées: l'action et la passion

"La passion a longtemps été considérée comme un défaut, une déficience, la maladie de l'âme par excellence. Il suffit pour le comprendre de replacer le mot passion dans la famille sémantique à laquelle il appartient et où il retrouvera passif, pathologique et pathétique. La Passion du Christ, c'est simplement la suite des sévices et des supplices qui le menèrent à la mort. Pour les Stoïciens (Zénon d'Elée, Sénèque, Epictète, Marc-Aurèle), la passion est la mal absolu. Il n'y a de bonheur que dans l'impassibilité.
Descartes écrivit un Traité des passions (1649) dans lequel il fait de la volonté et de la raison des facultés de l'âme qui doivent juger, diriger et éventuellement réprimer les passions - lesquelles proviennent du corps. (Il est utile de se souvenir que Descartes est l'exact contemporain de Corneille). Il distingue dans son Traité six passions primitives: l'admiration, l'amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse. Selon lui, toutes les autres passions sont soit des composés, soit des espèces de ces passions élémentaires. Les passions sont utiles en ce qu'elles fortifient et font durer en l'âme des pensées en elles-mêmes utiles. Elles sont nuisibles en ce qu'elles fortifient et conservent ces pensées plus qu'il n'est besoin. En somme, elles peuvent - comme tout le corps lui-même - servir l'âme ou au contraire l'asservir.
spinoza a exposé son système dans un livre paru après sa mort et dont le seul titre - L'Ethique - indique la portée morale primordiale. Il s'agit d'un rationalisme absolu qui découle de la doctrine de Descartes avec des traits incomparablement plus radicaux.
Le corps et l'âme sont deux modes de la substance divine. Ils ne s'influencent pas, mais obéissent à un parallélisme rigoureux, comme deux traductions en langues différentes d'un même original. "L'ordre et la connexion des idées sont les mêmes choses que l'ordre et la connexion des choses" (Livre II, théorème 7). Les êtres individuels - telle âme, tel corps - sont les accidents de ces modes. Les idées d'un esprit humain sont adéquates en lui, lorsqu'elles sont adéquates en Dieu, non en tant qu'il contient seulement l'essence de cet esprit, mais encore en tan qu'il contient en même temps les essences des autres esprits. Dans la mesure où l'esprit a de idées adéquates, il est actif. Il est passif dans la mesure où il a des idées inadéquates. Il a des passions en tant qu'on le considère comme une partie de la nature qui ne peut être perçue clairement et distinctement par soi et abstraction faite des autres.
C'est le propre de la révolution romantique d'avoir intégré la passion à l'action, comme son moteur intérieur, au point d'affirmer avec HEgel que rien de grand ne peut se faire sans passion.
Ici intervient au premier chef le sens de l'Histoire. Avant Hegel, les philosophes, de Platon à Spinoza, s'accordaient pour considérer les évènements de l'Histoire comme un chaos sanglant inintelligible, et donc indigne de tout intérêt. Hegel, le premier, a tenté par sa dialectique de doter l'Histoire d'une structure intelligible. Il y fut aidé par le spectacle contemporain de la Révolution Française et de l'Empire. (Rappelons qu'il était l'exact contemporain de Napoléon, de Chateaubriand et de Beethoven.) Son oeuvre est de ce point de vue comparable à celle de Beethoven dont on a pu dire qu'elle était l'irruption des clameurs de la Révolution et des trompettes de l'Empire dans la musique de MOzart.
POur Hegel, Beethoven et leurs contemporains, l'homme qui agit sous l'empire de la passion est traversé par une force historique qui le dépasse et le grandit. C'est la définition même du génie, idéal typiquement romantique. "

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